10 millions d’inscription au chômage aux États-Unis au cours des deux dernières semaines, des prévisions de croissance en baisse dans le monde entier, un durcissement des règles même dans les pays qui ne se sentaient pas concernés par le coronavirus jusqu’à présent. La litanie des mauvaises nouvelles pourrait être prolongée à l’envi et il y aurait fort à parier que le commentaire du CIO de ce jour déprimerait ses lecteurs en cette fin de semaine. Il me tient donc à cœur aujourd’hui d’aborder aussi certains points positifs en lien avec la crise.
Il convient selon nous de citer un fait essentiel, qui diffère très fortement des précédentes crises ou récessions: les vastes paquets de mesures initiés par de nombreux pays dès le début de la crise. Bien sûr, la dynamique de l’évolution actuelle ne doit pas être sous-estimée et l'on ne pourra éviter, en dépit de tous les efforts déployés, qu'un nombre non négligeable d’entreprises compteront parmi les perdants de la crise du coronavirus. Mais contrairement à ce qui a pu se passer auparavant, les responsables politiques ont généralement rapidement compris qu’il fallait soutenir les entreprises et les travailleurs touchés sans qu'ils en soient responsables par les mesures de quarantaine, et ce, rapidement et de la manière la moins bureaucratique possible. Même si, dans la plupart des cas, il s’agit de programmes de crédit et de sûretés, il y a selon nous de bonnes chances que les mesures arrêtées puissent éviter une énorme vague de faillites et donc une hausse massive du chômage. Cet état de fait devrait, nous l’espérons et l’escomptons, se répercuter dans les semaines et les mois à venir sur les marchés boursiers, par une amorce de rétablissement des cours.
Autre point capital: l’attitude des banques centrales. La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne lancent elles aussi des programmes de lutte contre la crise. Et ils produisent leurs effets. Qu’il s’agisse de l’approvisionnement des marchés financiers en dollars américains ou de la réduction des primes de risques sur des opérations de refinancement au final sans risque, ou que l’objectif soit, comme pour la BCE, de prévenir une nouvelle crise financière dans les pays du sud de l’Europe. Ces mesures ont contribué à un certain apaisement dans des secteurs importants des marchés obligataires, si ce n’est dans tous. En Europe, c’est en particulier le cas pour les rendements des emprunts d’État italiens et grecs qui, après une brève envolée, oscillent à nouveau entre 1,5 et 1,7 % pour les obligations d’État à 10 ans.
Et enfin un troisième point qui montre que certaines choses bougent dans cette crise. En effet, pour la première fois dans l’Histoire, la présidente de la Commission européenne s’est excusée de facto auprès des citoyens d’un pays pour la mauvaise gestion de la crise et pour les égoïsmes nationaux des États membres. L’Europe semble davantage accepter qu’a minima, un certain degré de solidarité est nécessaire. Si les pays du nord de l’Europe restent réticents concernant les euro-obligations, ils semblent être ouverts à des alternatives. Citons d’une part le fonds d’aide pour le soutien aux personnes en chômage temporaire ou partiel (il est question de 100 milliards d’euros) et, d’autre part, la possibilité d’assouplissement des règles en vigueur jusqu'à présent pour l’octroi de crédits dans le cadre du MES (Mécanisme européen de stabilité) ou encore l’octroi de garanties de crédit par la Banque européenne d'investissement (BEI). Il est intéressant de noter que si les euro-obligations ne parviennent pas à rallier une majorité, les mesures concernant la BEI ou le MES sont de facto aussi des dettes mutualisées, pour lesquelles la communauté des États répond.
Ainsi, même si beaucoup de facteurs sont encore ouverts et incertains en ce moment, on discerne aussi des lueurs d’espoir dans cette crise. Même si après la crise du coronavirus beaucoup de choses ne seront plus comme avant, il faut espérer malgré tout que certaines évolueront vers un mieux.
Évolution sur les marchés boursiers
Aujourd’hui vendredi, les marchés boursiers mondiaux ouvrent sur des tendances à la baisse d’ampleurs diverses. Les marchés des actions européens perdent actuellement environ 1 %. Pour sa part, l’indice suisse SMI reste pratiquement inchangé. Les marchés des actions américains devraient eux aussi ouvrir sur une évolution légèrement négative aujourd’hui. Suivant l’indice (Dow Jones / Standard & Poors 500), les actions américaines ont perdu environ 22 % à 24 % depuis le début de l’année, contre quelque 28 % pour les actions européennes, environ 13 % pour les actions suisses et quelque 10 % pour les actions chinoises (indice CSI 300) (tous les chiffres au 3.4.2020 vers 10h30, pertes évaluées en CHF).
Nous en profitons ici pour rappeler que la peur est mauvaise conseillère dans le contexte que nous traversons. Nous recommandons de conserver les positions en actions. Vous souhaitez recevoir régulièrement des informations boursières? Abonnez-vous vite à notre Investment Letter.