Il est crucial de préparer sa retraite le plus tôt possible, mais il n'est jamais trop tard. Rolf Blumer, responsable Planification financière de la Banque Cler, explique pourquoi dans une interview pour Coopération.
Non. La 13e rente AVS ne résout pas le problème de la baisse des rentes des caisses de pension. Il ne faut pas se laisser aveugler par cette rente supplémentaire. D’une part, elle sera entièrement soumise à l’impôt sur le revenu; d’autre part, le Conseil fédéral envisage un relèvement de la TVA pour la financer. À cela s’ajoute l’inflation. Tous ces facteurs réduisent la valeur de la rente. En extrapolant, il pourrait ne rester que la moitié du montant initialement prévu. Il est donc plus que jamais conseillé de planifier sa prévoyance assez tôt.
Il existe plusieurs manières d’épargner un capital. Au-delà de la sécurité, l’aspect fiscal est aussi important. Le pilier 3a est assurément la forme de prévoyance fiscalement avantageuse la plus populaire pour se constituer un patrimoine en vue de la retraite. Environ 60% des Suisses choisissent cette solution pour bénéficier d’un avantage fiscal supplémentaire dans le cadre de leur épargne retraite. Outre le compte de prévoyance 3a classique, l’épargne en titres constitue, elle aussi, une forme de placement attrayante dans le contexte actuel.
Le compte 3a est une forme classique de prévoyance. Il fonctionne comme un compte d’épargne, à cela près que les avoirs ne peuvent être retirés que sous certaines conditions, comme l’achat d’un logement à usage personnel, le remboursement d’une hypothèque, le démarrage d’une activité indépendante ou un départ à l’étranger. En dehors de ces cas, le capital est uniquement accessible à partir de 60 ans. Les intérêts sont légèrement plus élevés que ceux des comptes d’épargne traditionnels, mais l’inflation érode une partie du capital accumulé au fil du temps. Pour les épargnants avec un horizon de placement à long terme, l’épargne en titres − c’est-à-dire la constitution d’un patrimoine à partir d’actions et d’obligations − représente une meilleure option pour une croissance ciblée de leur capital. Elle permet de mieux compenser l’inflation et de conserver son pouvoir d’achat au moment du retrait. Sur une longue période, la différence avec une solution en compte peut facilement se chiffrer à plusieurs dizaines de milliers de francs.
Certes, les marchés boursiers connaissent des fluctuations, mais une épargne régulière et conséquente peut permettre d’en tirer profit. À long terme, les placements en titres offrent généralement un rendement plus élevé. Par exemple, en prenant le marché suisse des actions comme référence, sur les 100 périodes de dix ans observées depuis 1924 (1924–1934, 1925–1935, etc.), seules trois ont affiché un bilan négatif, autrement dit le capital investi en début de période était inférieur après dix ans à celui investi au départ. Le dernier cas en date remonte à la période de 1929 à 1941. Depuis, malgré toutes les crises, l’évolution des valeurs observée sur des périodes de dix ans a toujours été positive.
Une large diversification est essentielle. Cela signifie qu’il faut répartir ses placements afin de réduire systématiquement les risques. L’horizon de placement joue également un rôle clé: plus il est long, plus la part d’actions peut être élevée. Si l’on est proche de la retraite, il vaut généralement mieux opter pour une solution en compte.
Oui, une assurance vie inclut notamment une couverture en cas de décès et d’invalidité. Toutefois, cette protection a un coût, car une partie de la prime versée sert à financer cette couverture tout au long de la durée du contrat. Étant donné que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et que les risques et les circonstances personnelles évoluent avec le temps, il est, en principe, recommandé de séparer épargne et gestion des risques. Les risques liés au décès ou à l’invalidité peuvent toujours être couverts séparément par une assurance spécifique. Si ces assurances deviennent inutiles au fil du temps, on peut les résilier et ainsi économiser sur les primes. Cela permet en même temps d’accroître sa flexibilité financière, un autre volet important de l’investissement.
Tout dépend de ce que l’on entend par «stratégie plus sûre». Si vous optez pour une solution en compte, mais que vous êtes soumis à des tendances inflationnistes, cette solution offre en réalité peu de sécurité. Seules les solutions en titres permettent réellement de compenser l’inflation. À 50 ans, l’horizon de placement est, en principe, encore de 15 ans jusqu’à l’âge de référence de 65 ans, moment où l’on cesse généralement de travailler. Cette période relativement longue justifie souvent le choix d’une solution en titres, avec une proportion plus élevée d’actions. Si l’on commence à épargner plus tôt, il peut être judicieux de répartir son capital sur plusieurs piliers 3a, en effectuant des versements sur plusieurs comptes 3a ou solutions en titres 3a. Cette approche permet d’échelonner les retraits de manière ciblée (au lieu d’un retrait en une seule fois) et donc de réduire la charge fiscale au moment du déblocage des avoirs de prévoyance. Cela vaut aussi dans les cantons qui appliquent une flat tax lors du retrait des avoirs du pilier 3a et qui l’intègrent dans leur système fiscal. Cela signifie que le taux d’imposition reste toujours le même, quel que soit le montant retiré. Pour l’impôt fédéral, la différence fiscale reste toutefois significative. En principe, il est donc préférable de retirer deux montants de 50 000 CHF sur deux années différentes, plutôt qu’un montant unique de 100 000 CHF sur une seule année.
Les solutions en titres offrent une grande flexibilité dans ce cas. À la Banque Cler, par exemple, il est possible de transférer les solutions en titres 3a dans le patrimoine libre et de les conserver, sans être contraint de vendre au mauvais moment. Il est également conseillé de retirer les fonds 3a le plus tard possible. Tant que le capital reste dans le circuit de la prévoyance, il n’est pas soumis à l’impôt sur la fortune.
Tant que l’on est actif et que l’on perçoit un revenu soumis à l’AVS, on peut cotiser au pilier 3a, et ce, jusqu’à 70 ans. Pour que le versement soit déductible fiscalement l’année de départ à la retraite, il doit être effectué avant la cessation de l’activité professionnelle. Même si l’on ne travaille plus toute l’année, on peut verser le montant maximal autorisé. Pour 2025, celui-ci s’élève à 7258 CHF pour les personnes affiliées à une caisse de pension. Les personnes qui ne sont pas affiliées à une caisse de pension peuvent également cotiser au pilier 3a, à hauteur de 20% de leur revenu net. Le montant maximal est toutefois limité à 36 288 CHF.
Avez-vous des questions au sujet de la prévoyance privée? Ou souhaitez-vous bénéficier d'un conseil global? Nous sommes là pour cela.